mercredi 14 octobre 2009

Religion et tabous alimentaires

En regardant la première fois le programme des 12ème Rendez Vous de l’Histoire, le sujet du vendredi 9 octobre « Religion et tabous alimentaires » retient mon attention, par conséquent je décide de commencer mes RDV de l’Histoire avec cette conférence.
Les intervenants, lors de ce débat se nomment Halima Ferhat (historienne marocaine spécialiste de l’histoire du Maghreb au Moyen-Âge, membre du "comité scientifique des Rendez-vous de l'Histoire de Rabat", professeur à l’Université Mohammed V, ainsi que directrice de l’Institut des Etudes Africaines à Rabat), Madeleine Ferrières (Professeur d’histoire moderne à l’Université d’Avignon, chercheur à l’UMR Telemme de la MMSH d’Aix-en-Provence), Bruno Laurioux (professeur d’histoire médiévale à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, vice-Président du conseil scientifique de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation) et pour finir Jean-Robert Pitte (géographe français, professeur des Universités, spécialiste du paysage et de la gastronomie, président de la Société de géographie et co-directeur scientifique du Festival international de la géographie). Et pour animer le débat : Marc de Ferrière, Professeur des Universités à l'Université François-Rabelais de Tours, et Président de l'IEHCA (Institut Européen d'Histoire et des Cultures de l'Alimentation). Ce débat a essentiellement soulevé la question de l’évolution des tabous alimentaires à travers les âges.

Madeleine Ferrières nous apprend au début du débat que le mot tabou a été inventé lors du premier voyage de Cook en Polynésie et que son sens premier est l’interdiction absolue sous peine d’une punition dite surnaturelle. Ce qui les amène à parler des religions et des interdits liés aux différentes croyances.
Halima Ferhat nous explique que le jeûne canonique (ou ramadan) dans l’Islam dure un mois pendant lequel les musulmans ne mangent pas, ne boivent pas, ne fument pas… le jour. Au quotidien, les musulmans suivent plus l’interdiction du porc (possible d’en acheter, mais élevage contrôlé au Maroc) que celle du vin.
A l’extrême, les soufis (mouvement spirituel, mystique et ascétique de l’Islam, et un mouvement ésotérique apparue au VIIIe siècle ) jeûnent d’une manière continue et s’interdisent ce qui est bon. Anecdote qui a retenue mon intention : les soufis refusent de manger une viande cuite qui a été préparé par une femme ayant ses règles (elle est considérée comme impure). De plus, nous apprenons que les juifs et les musulmans ont les mêmes interdictions alimentaires.
Bruno Laurioux nous explique que l’effort du carême pour les chrétiens appartient à chacun, il porte moins sur le contenu mais plus sur la durée (40 jours). Les interdictions strictes de privation liées au carême n’existent plus depuis la fin du Ier siècle avec le concile de Jérusalem.
Jean-Robert Pitte reconnaît la passion pour le pain et les boissons fermentées depuis de nombreux siècles mais le vin est interdit par le Coran par peur de l’ivresse et des conséquences : inceste, violence envers femmes… Cette passion pour certains aliments relèvent des aliments qui sont valorisés mais ils ne seront pas les mêmes au fil des siècles :
A l’époque Meiji (1868 – 1912), les japonais ne mangeaient pas de viande, juste des végétaux et du poisson. La pomme de terre à une époque n’était pas appréciée car apparentée à Satan (pousse sous la terre). De plus, il y a l’exemple de l’ail et de l’huile d’olive qui n’étaient pas appréciés à cause de leur odeur et qui sont maintenant très utilisés. Pour finir, le lièvre a été déprécié au Moyen-Âge car il renvoyait d’après la Bible et les textes théologiques à un symbole de lubricité. Il sera ensuite inscrit dans les traditions culinaires à l’époque moderne.
Il y a donc d’après les intervenants une valorisation de certains aliments (ce qui est encore visible aujourd’hui) mais aussi une catégorisation de ceux-ci (aliments gras ou maigres) cependant ils ne deviennent pas des tabous alimentaires en fonction de leur catégorie.
Madeleine Ferrières ajoute que les tabous dans notre société tiennent plus à des goûts et dégoûts individuels voire collectifs donc ne sont pas des tabous en somme.
Pour Jean-Robert Pitte, nous sommes dans une société où règne une sorte de religion animiste qu’il caractérise de New Age où l’on s’interdit de manger des animaux en voie de disparition comme la baleine. Interdiction personnelle mais aussi un interdit lié à des lois de protection de la nature. Ces animaux adoptent donc un statut, pour lui, d’animaux sacrés (comme ça peut être le cas dans certaines religions).
Pour conclure j’ai choisi de reprendre l’idée de Madeleine Ferrière qui est que toute société a besoin de règles alimentaires et culinaires. Il faut différencier deux notions : ce qu’on interdit et ce qu’on s’interdit !

J’ai été énormément déçue car les intervenants ont très peu parlé de religion, des interdictions quotidiennes et lors des jeûnes ainsi que de leur évolution au fil des siècles. Le débat était tout de même intéressant mais j’ai été un peu surprise par la tournure légère qu’il a pris à certains moments notamment à cause de Jean-Robert Pitte (qui reste un homme très qualifié) qui a fait un peu trop d’humour à mon goût et qui a surtout voulu choquer le public en ce qui concerne la question de la défense des animaux en voie de disparition.

Charlotte F.




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