lundi 12 octobre 2009

La difficile question de la responsabilité sous l'Allemagne nazie

Pendant ce week-end aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois un thème a particulièrement retenu mon attention. Il s’agit du « corps sous l’Allemagne nazie ».

Une question unique retient mon attention après avoir assisté à quelques conférences. Il s’agit de la responsabilité des populations et catégories professionnelles dans les massacres opérés lors de la 2nde guerre mondiale.
La responsabilité est au centre du système judiciaire d’hier et d’aujourd’hui. Elle peut être définie comme l’obligation de répondre d’un dommage devant la justice et d’en assumer les conséquences. Cependant, la grande question qui se pose quant à la responsabilité des civils et de professionnels dans les exactions de la 2nde guerre mondiale est celle de leur indépendance.

L’importance du pouvoir politique et de ses dirigeants ne fait aucun doute. Mais seuls auraient-ils réussi à obtenir des résultats aussi monstrueux ?
La responsabilité des populations ne peut être négligée même si elle est encore l’objet d’un grand malaise, d’une grande angoisse. C’est d’ailleurs principalement cette question de l’indépendance qui est à l’origine même de ce malaise.
En effet, elle met au devant de la scène une image de l’homme et de la folie animale qui peut l’habiter et l’amener à commettre des actes non qualifiables.
Il ne s’agit pas ici d’entrer dans les détails de la responsabilité de chacun, ce que nous ferons à un autre moment mais de retenir surtout l’idée que le contexte autoritaire et totalitaire du régime de l’époque ne peut en aucun cas tout expliquer, même si ce fut un des arguments principaux de la défense lors du procès de Nuremberg.

Le contexte ne peut ainsi expliquer les actions commises par les policiers envoyés derrière les SS et le Luftwaffe dans les pays. En effet, ces policiers étaient avant d’être envoyés au front de bons agents, de bons voisins et on se demande alors comment ils ont pu mettre en place de véritables exactions avant même que les ordres ne leur soient transmis. Par conséquent, ils ont anticipé et c’est donc sans contrainte excessive qu’ils ont mis en place les pogroms et les rafles de grande envergure. En effet, les pays slaves ont été vidés entièrement de toutes populations juives.
Par ailleurs, cette question qui nous retient nous amène également à nous pencher sur le cas des civils qui ont dénoncé ou participé aux actions menées contre les juifs et populations minoritaires. C’est qu’avant même l’arrivée au pouvoir d’Hitler l’antisémitisme régnait déjà en Europe. La 2nde guerre ne l’ayant que réveillé.
Cette question peut également se retrouver dans l’absence de réaction des civils lors de la mise en place de l’eugénisme justifié comme permettant de relever l’économie de l’Allemagne.
Enfin, on peut également s’interroger sur le rôle des médecins, notamment ceux d’Auschwitz et leur importance dans la sélection des personnes aptes ou non au travail. Cette question des médecins nous amène également à soulever l’importante question des expérimentations humaines. Cette question n’était pas nouvelle et se retrouve dans toutes les époques de notre histoire. Les médecins en ont d’ailleurs fait un de leur argument soulevant que les connaissances acquises lors d’expérimentations humaines serviraient l’humanité entière.

Pour conclure, même si la responsabilité de certains civils et de certaines catégories professionnelles ne fait aucun doute, il reste de nombreuses difficultés et incertitudes autour de cette question. En effet, même aujourd’hui avec la connaissance que l’on a pu acquérir concernant l’époque et la réalité des massacres on ne peut affirmer si oui ou non les civils et professionnels étaient libres et agissaient en libre connaissance des choses.
C’est d’ailleurs pourquoi cette question est encore l’objet d’un grand malaise qui ne risque pas de s’éteindre demain.

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