samedi 10 octobre 2009

Le corps mort : entre disparition et permanences

En ce vendredi 9 octobre 2009,après une matinée déjà riche en conférences,un débat retient particulièrement mon attention. Que cache cet intitulé? Après un bref coup d'œil au programme je découvre la liste des intervenants: B.Bertherant ( maitre de conférences),R.Bertrand ( professeur émérite), A.Carol ( professeur), C.D.Francfort ( archéologue), H.Duday ( anthropologue), B.Laurioux ( professeur), L.Moulinier ( professeur).
Le caractère pluridisciplinaire de ce débat me conforte dans mon idée d'y assister. La foule est massée devant l'amphi, il est 15h les portes s'ouvrent.

Nous rentrons dans le vif du sujet au moyen d'une citation d' Ernest RENAN « le monde est fait de plus de morts que de vivants ». En effet, il s'agit ici de comprendre comment les sociétés du passé ont eu le souci de conserver ou non le corps de leurs défunts. Quels sont les phénomènes qui empêchent ou retardent la décomposition des corps?

La permanence du corps mort est abordé par un premier exemple, celui du corps du roi. En effet, au Moyen Age comme à l'époque moderne, le corps du roi est conservé pour à la fois attester de son authenticité et suggérer la permanence de la royauté après la mort du souverain. La question de l'identification du corps pose parfois des problèmes, c'est le cas des morts inconnus. Ces marginaux inquiètent l'État et doivent être réintégrés dans l'état civil. Au 18ème siècle on conserve donc les corps pour permettre une éventuelle identification en exposant les corps dans une geôle en place publique. Un siècle plus tard, les corps seront exposés en vitrine avec un éclairage zénithal. Toutefois, ce procédé suscite des conflits entre autorités et hygiénistes. Ces derniers sont confrontés à deux nécessités; il s'agit d'une part de protéger les vivants et d'empêcher les inhumations prématurées. Ce grand débat médical va aboutir à un article dans le code civil qui prévoit un délai légal de 24h avant l'inhumation pour attester de la mort via un certificat médical.
La question qui reste en suspend est bien évidemment celle des méthodes de conservation des corps. Pour cela, l'archéologie permet d'aborder les différentes techniques. L'embaumement ou la momification (intentionnelle,artificielle ou naturelle) en font partie.

L'intitulé du débat soulignait aussi le cas de la disparition des corps. Souvent vue comme un supplice, la crémation est un des moyens utilisés pour faire disparaître le corps. La première crémation est attestée en Janvier 1889 au Père Lachaise. Toutefois ce procédé n'exclut pas l'identification. Il faut savoir que la matière minérale du corps ( les os) ne brulent pas. Ainsi grâce à l'anthropologie biologique et aux avancées de l'ADN, les os nous livrent beaucoup de renseignements. Ils mémorisent des étapes importantes de notre vie.

Pour conclure ce débat, il est intéressant de se poser la question suivante: l'histoire du corps est-elle une histoire totale? L' Historien dispose certes de sources écrites pour certaines périodes le renseignant ainsi sur les différents rites funéraires mais on ne saurait aujourd'hui se passer de disciplines telles que l'archéologie et l'anthropologie.
Malheureusement, les progrès de la science ne sont pas sans conséquences sur le patrimoine funéraire qui est menacé par les fouilles mais aussi par la situation actuelle des cimetières. Mais ceci est un autre débat!

Nissrine.L

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