lundi 12 octobre 2009

Du bûcher au génocide

Café littéraire 10/10/09 17h30-18h30
Comparer deux systèmes

Sur le coté de la Halles aux Grains des tentes blanches remplissent la place, la plus grande abrite le café littéraire. Il a une capacité d’accueil assez conséquente, une scène trône au bout de la salle. Ici on présente des ouvrages qui tentent de traiter une page de l’Histoire. Je me rends donc au café littéraire qui s’intitule « Du bûcher au génocide ». La rencontre se fait entre Nathan Wachtel, professeur au Collège de France et Nicolas Werth, directeur de recherche au CNRS. Tout deux sont auteurs, Nathan Wachtel a écrit La logique des bûchers et Nicolas Werth L’ivrogne et la marchande de fleurs. Ils vont tenter pendant une heure de confronter les similitudes et les différences entre l’Inquisition espagnole du XVIe au XVIIIe siècle et la Grande Terreur stalinienne. Bien entendu, il n’est pas véritablement possible de comparer ce qui n’est pas comparable mais cette vision m’a semblé intéressante. Les deux hommes constatent les différences entre deux époques, deux systèmes, des similitudes aussi, la torture et l’exécution.

Une Inquisition organisée, un régime stalinien arbitraire

Au sujet de l’Inquisition, les recherches de N. Wachtel ont été facilitées grâce à des archives riches en détails qui permettent une analyse micro-historique. En effet, le protocole des procès de l’Inquisition prévoyait un véritable travail de « sténographe ». Chaque correspondance, chaque séance de question, chaque gémissement étaient retranscrit par écrit. Ces archives doivent évidemment rester soumises à la critique historique. Le système inquisitoriale est fait pour fabriquer des aveux. Les inquisiteurs étaient des intellectuels, des évêques, des docteurs en droit canon. Ces hommes prenaient leurs temps pour obtenir des résultats après la torture et pour rendre leur jugement. Tandis que, dans le système stalinien la torture et le jugement étaient hasardeux, et conduisaient très souvent à la mort. Chaque chef de police locale a des quotas d’arrestation à respecter. Il faut faire vite, le système prévoit des exécutions à la chaine. Ainsi, le facteur temps entre dans cette spirale macabre exécutée par des non-professionnels qui n’avaient pas ou peu suivit d’études.

Echapper au système
L’Inquisition condamne pour hérésie, bigamie, sodomie ou blasphème. Les biens sont confisqués et l’individu arrêté est réduit à la misère mais il a encore une chance de s’en sortir s’il produit des aveux, un repentir, qu’il dénonce ses proches. Le système cherche à obtenir la collaboration de la victime avec son bourreau. Dés lors, les condamnations qui mènent au bûcher sont d’environ 40%.

L’impossible fuite

Tandis que Staline a la volonté de casser les réseaux qui garde le souvenir de Lénine, il provoque une véritable éradication sociale, une purge des élites. Si bien que le taux d’exécution est de 50% des arrêtés. Les autres sont conduits pour 10 ans au Goulag, où pour beaucoup la mort les attend. On parle de la Grande Terreur du système stalinien parce que chaque geste, chaque témoignage pouvaient être sur interprété pour suivre les quotas d’arrestation. Ainsi, par exemple N. Werth illustre son propos avec l’histoire d’un ivrogne qui après avoir bien bu, jeta malencontreusement son verre sur la photo encadré de Staline, présente dans tous les bars. Il est arrêté et condamné pour terrorisme tant les témoignages ont été modifié.

Remettre en cause la « modernité »

Cette rencontre permet d’observer deux systèmes qui se servent de la torture et administrent la peine capitale. Il est intéressant alors de constater la « modernité » du système inquisitoire du XVIe au XVIIIe siècle dans son organisation et sa réflexion. En opposition au régime stalinien du XXe siècle qui exerce des exécutions de masse souvent hasardeuses. Bien que la torture et les exécutions restent barbares, la confrontation de ces deux systèmes permet de réfléchir sur les aprioris dont chacun se laisse imprégner sur la soi-disant modernité de nos sociétés actuelles. Et par la même occasion de tenter une réflexion générale sur l’Humanité et sa capacité d’évolution, qui semble être parfois bien lente.
Anaïs Boutrolle

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