mercredi 10 février 2010

Le corps dans l'Antiquité grecque: la conquête d'un espace

Samedi 10 octobre 2009 au matin, l'amphi rouge du campus de la CCI semble lui aussi se réveiller avec sa lumière tamisée et son ambiance feutrée. Le débat n'est pas même encore commencé que les chercheurs qui nous font face semblent bien décidés à donner le ton. On nous distribue une feuille au titre évocateur: "En avoir ou pas. De la pilosité en pays grec antique." Nous nous imaginions un débat sur la beauté du corps grec dans la statuaire, ou encore sur les pratiques sportives de ces athlètes nus, sculptés et couverts d'huile… Et bien non, rien de tout cela! Nos hôtes vont nous parler de poils, d'odeurs délicates ou bien plus que répugnantes, de physiognomonie et plus conventionnellement pour finir, de la place du corps dans l'art grec. Ça y est, la lumière se fait plus intense, l'amphi se remplit et l'équipe travaillant sur l'axe de recherche "Histoire du corps dans l'antiquité" au laboratoire du LAHM (Laboratoire archéologie et histoire Merlat) à l'université Rennes II peut commencer. Les cinq chercheurs sont tous spécialistes de la civilisation grecque et traitent de la thématique du corps, qui comme l’indique le nom des journées de Blois cette année, est très à la mode dans les études historiques des différentes périodes. Malheureusement on considère que le corps est appréhendé de manière totalement différente à l'époque antique et à l'époque moderne, ce qui fait que cette première période est fort peu traitée dans les ouvrages, voir pas abordée du tout. C'est d'ailleurs en réaction à cela que nos spécialistes veulent montrer l'intérêt de l'étude du corps dans la Grèce antique.
Dans un premier temps Jérôme Wilgaux, maître de conférences à l'université de Nantes, ouvre le bal en nous présentant la physiognomonie (à vos souhaits!), qui n'est autre que l'étude de l’apparence d'une personne dans le but de définir son caractère. Son sujet est singulier car les historiens de la période délaissent littéralement son étude, considérée comme sans intérêt. Par l’observation du corps, les grecs en déduisaient l'éducation, l'origine, voir même l'avenir de la personne rencontrée. La valeur de l’individu était étudiée en associant les signes observables (la forme du visage, la couleur et l'aspect des cheveux, la couleur et la forme des yeux etc…) à des caractères moraux (lâcheté, méchanceté..). On ajoutait à cela une étude de la gestuelle. Un exemple : l’éternuement non retenu était attribué au kinaidos, entendez par là " l'efféminé". L’intérêt historique de cette recherche repose sur le fait que ces descriptions laissent entrevoir une valorisation ou une stigmatisation des gestes et du comportement, qui montre qu'à cette époque le corps est l'objet d'un contrôle social permanent. C'est une véritable discipline du corps qui devait être mise en œuvre, les grecs étaient éduqués pour se comporter de la manière la plus digne possible. D'autre part, dans les textes qui nous sont cités, Démosthène se défend face aux attaques portant sur sa façon de s'habiller, de bouger. Il affirme que cela relève de sa nature propre. Ainsi, la physiognomonie révèle la nature même de l'homme étudié, ce qui montre des hiérarchies sociales naturelles, perçues comme héréditaires et acquises. Qui a dit que l’habit ne faisait pas le moine ?
Pierre Brulé, professeur à l'université de Rennes II, prend le relais très jovialement sur le thème de " La physiologie du poil". Plus explicitement son étude porte sur la conception sociale de la pilosité chez les Grecs à l'époque antique. Nous serons tous étonnés d’apprendre qu’ils voyaient le poil comme un végétal nécessitant de l’humidité et qu’ils en différenciaient deux types : ceux acquis à la naissance et ceux qui apparaissent à la puberté. Et ils expliquent cela très simplement. A la puberté un phénomène remarquable a lieu: les veines s'élargissent pour laisser passer sperme et règles qui sont fabriqués, comme chacun sait, dans le cervelet pour descendre ensuite dans le corps en empruntant les veines. C'est grâce à cette humidité nouvellement acquise, que se développent la deuxième catégorie de poils. Bien que toute l'assemblée se moque à gorge déployée des études scientifiques des médecins hippocratiques grecs du Vème siècle av. J.C., et d’Aristote lui-même, le chercheur nous remet les pieds sur terre. Les grecs faisaient grand cas de cette différence entre les deux types de poils et ce particulièrement sur le plan théologique puisqu'à la puberté les garçons offraient leurs cheveux d'enfant au dieu Apollon tandis que les filles remettaient quelques mèches des leurs à Artémis lorsqu’elles se mariaient. Cette présentation s’acheva par l’explication de la norme capillaire à Athènes, qui est aux cheveux courts et à la stigmatisation des longueurs, tandis que les guerriers spartiates portaient les cheveux très long afin d’effrayer leurs ennemis.
C’est à pile ou face que c’est joué la répartition des deux sujets sur le thème de l’odeur : les délicates et les moribondes. Lydie Bodiou, maître de conférences à l'université de Poitiers, commence par les plus délicates. Les hommes utilisaient toute leur vie durant l'huile du gymnase mais les femmes, comme chacun sait, aiment les parures, les artifices et elles usent voir abusent de parfums, composants primaires mais essentiels de la toilette féminine. Les huiles d'onction, les parfums végétaux, servent à hydrater, rendre le corps plus beau et lui donner un aspect brillant. Le parfum peut aussi leur être prescrit comme remède aux aléas d’un utérus perçu comme nomade, ce qui relève d’un problème physiologique en soi. L’emploi du parfum donnait aussi une hiérarchie statuaire de genre et d'âge, il était par exemple très mal vu pour une femme d’un certain âge de tenter encore d’user de ses charmes en se parfumant.
Véronique Mehl, maître de conférences à l'université de Lorient, prend le relais avec des odeurs moins appréciées. On l’aura compris, c'est elle qui a perdu au jeu de hasard. Le corps humain est perçu chez les grecs d’un point de vu olfactif en opposition avec le corps divin. Les dieux se nourrissent d’ambroisie, ne peuvent être blessés et évidement ne meurent pas. Ces trois capacités laissent voir les trois formes que peut prendre les mauvaises odeurs : celles provenant des maladies, des blessures, et enfin la pire de toute : celle de la mort. Le corps divin a un parfum qui lui est propre et dont il ne peut se défaire. L’homme, dont l’odeur corporelle est considérée comme neutre, cherche à s’en approcher. En effet les mauvaises odeurs corporelles viendraient d’un disfonctionnement thermo-dermique du corps, le suprême étant la mort. Pour ce qui est de la mauvaise haleine, elle est considérée comme corrompue par la maladie ou l'alimentation. Les tyrans sont d'ailleurs réputés pour leur haleine fétide, expression d’une méchanceté intérieure.
François Prost, professeur à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne, et dernier intervenant de ce cocasse début de matinée, achève ce débat par une étude de la statuaire grecque antique. Dès son origine, l'art grec est mimétisme, il imite le corps naturel. On le voit régit par une évolution générale de la statuaire qui va vers le mieux faire. C'est cette vision qui fonde toute les études. Mais en fait l'art grec dès le VIIIème siècle renonce à la pure géométrie et cherche à signifier plutôt qu'à représenter. Il traduit les éléments corporels. Cela reflète moins une initiation graduelle des artistes à la connaissance de l'anatomie, qu'à une recherche accrue de nouvelles stylisations. La chronologie anatomique mise au point donne un classement théorique abstrait. Il suffit de trouver un nouveau kouros (statue de jeune homme nu) et il nous est impossible de le ranger dans ce classement. Une nouvelle approche veut que l'on se laisse guider par la structure des kouroi pour voir s'ils ont des correspondances entre eux ou non et ainsi trouver une référence commune à un système de convention. C'est bel et bien le style qui permet de poser une chronologie. Une étude archéologique donnera alors une fiche géographique de groupements artistiques : les grands temples possédaient des centres artistiques au style propre et il nous sera possible de donner une origine géographique aux sculptures, enfin d’en confronter les styles.
En sommes ces différents chercheurs ont su rendre ce débat attractif, divertissant et très enrichissant d'un point de vu historique. En sortant de l'Amphi rouge on ne peut que se demander quels sont les autres facettes de la vie à l'époque grecque antique qui nous échappent encore mais prévoient d’être passionnantes. Pour ceux qui en demandent encore les recherches du centre LAHM sont publiées dans la collection Les cahiers du corps antique aux éditions PU Rennes.
Line H.

mercredi 3 février 2010

Exhibition des corps au Château de Blois


A l’occasion des Rendez-vous de l’Histoire le Château de Blois expose un ensemble d’œuvres sculptées et peintes mettant en scènes des émotions humaines allant de la jouissance à l’agonie. Les corps sont les acteurs de chaque pièce qui se joue sur une toile soigneusement encadrée ou dans une vitrine illuminée matrice d’une multitude de corps sculptés. Sous certains angles ils semblent prendre vie, entre la femme qui se caresse et la tête décapité d’Holopherne l’extase se fait tactile, la douleur perceptible. Ce panel d’états du corps nous en délivre leurs complexités et la sensibilité avec laquelle l’artiste parvient à l’exprimer. La pureté des formes et la vie qui émane de ces œuvres nous offrent alors un spectacle irréel qui ramène chaque visiteurs à ses états d’âme, voire même à ses états de corps.Ajouter une image
Anaïs Boutrolle

mercredi 30 décembre 2009

Corps sacrés, corps profanes L’image des héroïnes de Judith à Marianne

Le thème de cette communication semble quelque peu étrange, cependant, au fil du développement, les liens se tissent et la clarté se fait. Telle fut mon impression en sortant d’une petite salle de l’antenne universitaire de Blois en ce samedi après-midi.

La démonstration fut d’abord effectuée par Olivier Bouzy, chargé de cours à l’université d’Orléans et directeur adjoint, depuis 1988, du centre Jeanne d’Arc. Pour lui, nous ne connaissons qu’une représentation imaginaire du corps de Jeanne d’Arc, cette représentation serait l’œuvre de l’art médiéval, art avant tout symbolique et prototypique. En effet, par une comparaison de portrait, on remarque une forte ressemblance entre l’image de Jeanne d’Arc et les représentations médiévales de l’héroïne biblique Judith et de la prophétesse Deborah. Jeanne d’Arc est donc un mélange entre sa propre personnalité, et ces deux saintes héroïnes selon l’image que l’on souhaite donner d’elle. La démonstration se poursuivit par un petit cours sur l’imagerie médiévale et la symbolique : les corps féminins nus sont réservés aux défuntes, à Eve et aux héroïnes bibliques, les femmes sont toujours représentées selon leurs fonctions sociales et professionnelles, jamais une femme ne porte de chemise, et tout vêtement déchiré est synonyme de folie et de désordre. Nous remarquons donc une forte hiérarchie et une codification importante dans les images, ne cherchant pas à dépeindre la réalité, mais à exprimer des idées morales et allégoriques via des symboles précis et ordonnés.

La seconde partie de la démonstration fut effectuée par Yann Rigolet, doctorant à l’université d’Orléans qui, dans le cadre de ses recherches, avance une mutation de Jeanne d’Arc vers Marianne : Eu XVIIIème siècle, l’allégorie de Marianne s’impose comme symbole d’abord parisien puis national et vient faire disparaitre Jeanne d’Arc. Cette image, dans un premier temps captée par la jeune république, se voit réécrite au XIXème siècle par le courant romantique qui cherche à illustrer la révolution en la personnifiant. On peut dire que Jeanne d’Arc disparait pour incarner Marianne. Le rôle Jeanne d’Arc évolue, on remarque une baisse de la fréquentation des fêtes de Jeanne d’Arc, mais elle prend un caractère plus populaire et national avec la perte d’une partie du symbolisme religieux.
En effet, l’image de Jeanne d’Arc change, à la fin du XVIIIème siècle, elle adopte une posture guerrière au cœur de la révolution se rapportant au rôle de l’héroïne lors de la guerre de cent ans, puis, elle devient une Jeanne d’Arc libératrice et patriote. La mutation s’effectue par une simple évolution des attributs iconographiques.

Marianne quant à elle né officiellement en 1792, elle prend comme attributs et comme rôle la signification de la liberté et le salut par l’expiation, elle est censée représenter le peuple dans son intégralité, et plus particulièrement le peuple révolutionnaire, comme elle fut saisie par Delacroix sur le célèbre tableau La liberté guidant le peuple.

L’image des héroïnes se voit donc inscrite dans une continuité forte. Tout d’abord, au travers d’une forte représentation religieuse, évoluant en une représentation laïque et allégorique. Ces représentations se voient codifiés et hiérarchisées dans l’iconographie afin de conserver une héritage tout en se démarquant du passé.

Clément

Mémoire des mouvements étudiants

Le samedi, en fin d’après midi, un débat pro attira mon attention : « Mémoire des mouvements étudiants » était proposé par Jean-Philippe Legois et Robi Morder, deux membres du GERME (Groupement d’Etude et de Recherche sur les Mouvements Etudiants). Ce débat se déroula à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs du Val de Loire, près de la gare et au cœur de l’ancienne chocolaterie Poulain.

A mon arrivée, il n’y avait que peu de monde dans la salle, quelques étudiants et trois personnes plus âgées, anciens membres de syndicats étudiants venus parler de leurs « souvenirs d’anciens combattants ».

Pour débuter, Jean-Philippe Legois présenta le GERME, il débuta son exposé par la présentation même des mouvements étudiants : Pour avoir des mouvements, il y a des organisations étudiantes de différents types ( organisations politiques, syndicales, religieuses, culturelles), locales ou organisées de manières fédérales ou centrales qui sont à la base de toute manifestation. Ces organisations sont visibles ou discrètes dans les lieux fréquentés par les étudiants (université, cités U, bibliothèques).
En revanche, la question de l’intérêt arriva assez vite dans ses propos : comment les mouvements étudiants ont-ils pu devenir un sujet d’étude patrimoniale ? En effet, les mouvements étudiants sont particuliers par rapport aux mouvements sociaux, le temps se découpe en semestres et l’action se limite dans la durée vu la faible part de la période étudiante par rapport à l’activité salariée. On reste étudiant entre un et huit ans, ce qui provoque une mémoire générationnelle, les plus anciens expliquant aux plus jeunes comment gérer un mouvement social. Les principaux moyen d’étude sont les comptes rendus de congrès et le matériel (tracts, affiches, badges). Le GERME cherche à constituer une base de données importante et variée afin de stimuler la production d’étude universitaires (mémoire de Master, thèses). Cependant, bien que touchant de nombreux étudiants, ce sujet reste marginal.
Le GERME explique cette faible attractivité par deux raisons : Tout d’abord, ce sont essentiellement des militants qui s’orientent vers l’étude des mouvements étudiants, mais même là, la prise de distance, nécessaire à l’objectivité, est dure à atteindre.

Suite à cette présentation globale de la situation de la recherche sur les mouvements étudiants, un petit se mis en place entre les quelques personnes encore présentes : ce fut surtout le moment d’échange sur le passé de « la grande UNEF », quand ce syndicat avait encore une hégémonie sur la scène syndicale estudiantine.

Ce débat, bien que limité dans le temps et dans la portée fut un agréable partage de points de vue, d’anecdotes et de souvenirs associatifs. Le GERME est cependant en quête d’étudiants intéressés pour la recherche sur les mouvements étudiants et cherchait par ce débat à se faire connaitre d’un public un peu plus vaste.

http://www.cme-u.fr/index.php

Clément

Il y a 100 000 ans, les premiers pas de la beauté (actualisé)




Conférence 10/10/09 au Château de Blois

Intervenant : Denis Vialou

Cette conférence intervient dans le cadre de la parution du livre 100 000 ans de beauté aux éditions Gallimard (voir le descriptif et ici un feuilletage). La présentation de cet ouvrage avait eu lieu le vendredi 9 en présence de plusieurs auteurs (ethnologues, sociologues, historiens, plasticiens, chimistes, philosophes... etc.) qui ont contribué à sa réalisation.

C'est donc autour de cet ouvrage qui explore la beauté sous toutes les coutures de la Préhistoire à nos jours qu'a eu lieu la conférence de Denis Vialou, préhistorien et professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle. Je peux dire à son propos qu'il illustre vraiment son sujet, en ceci qu'il est arrivé à la conférence accompagnée de son épouse elle aussi historienne dégageant par son allure et son maintient une grande prestance et une remarquable élégance. Et je trouve que c'est toujours cette petite chose que l'on remarque, qui nous fait à la fois sourire et plaisir, cette petite chose qui s'ajoute. C'est un petit rien mais on se dit tout de suite que le personnage colle à son discours. Hasard ? Et alors. Oui je me complais à insister sur ce qui pour certains ne peut sembler être qu'un détail. Or, pour moi tout est là : une silhouette qui nous guide immédiatement vers un sujet que l'on est pressé d'écouter avec attention : la beauté. Et effectivement, dès le début de la conférence, nous sommes complètement transportés par les paroles de cet homme que nous buvons du regard comme lors d'un jeu de séduction.

Petit rappel historique et biologique de la phylogénèse

Tout commence il y a 7 à 8 millions d'année. En effet, la plupart des caractères de l'Homme sont possédés par d'autres êtres vivants. Les caractères humains apparus les plus récemment ne sont partagés que par quelques espèces. Parmi les primates, l'Homme est proche des grands singes anthropomorphes (c'est-à-dire à morphologie humaine) avec lesquels il constitue le groupe des hominoïdes. L'étude des caryotypes révèle que le groupe frère des Hommes est le chimpanzé. C'est avec ce groupe de l'Homme partage l'ancêtre commun le plus récent. Des rameaux de la chaîne animale se différencient, c'est la que la divergence des deux lignées s'effectue. On observe une spécialisation : la bipédie caractérise l'Homme, constituant la première acquisition de l'Homme.

Au commencement il y avait...

L'Homme apparaît véritablement il y a 3 millions d'années. Le corps s'organise et un événement essentiel va survenir : la main libère le savoir, elle devient active. L'étude du cerveau fournit aux scientifiques et historiens de nombreux renseignements sur l'évolution de l'Homme. La croissance du cerveau participe à cette (r)évolution culturelle. En effet, l'observation de la boîte crânienne d'homo habilis diffère d'homo sapiens. La chose la plus fondamentale est la verticalité de la face de Sapiens. Une autre différence majeure se situe dans la partie antérieure de la boîte crânienne. Il s’agit d’une question de volume cérébral. C'est au niveau des lobes frontaux que le système des représentations s'effectue. Et c'est il y a 100000 ans qu'apparaissent les premières figures structurées.

Le langage graphique produit un sens. Avant la notion de beauté il ne faut pas omettre la perception de la nature, indispensable à la naissance de la beauté. L'homme a construit une relation avec la nature. L'art est universel. L'Homme représente l'animal, mais avec une projection particulière. En effet, il ne produit pas un objet sans signifiant, celui-ci joue un rôle. Les corps des animaux sont les premiers à être célébré : aurochs, bison, chevaux... comme on le voit dans la grotte de Lascaux par exemple.

Représentation, imagination et construction

Il y a une véritable construction onirique dans les représentations préhistoriques. En exemple on peut citer l'exagération de la masse avant du bison. Tout ceci vient du cerveau. L’anatomie cérébrale et corporelle des Préhistoriques qui inventèrent l’image, qui se sont donné ce pouvoir extraordinaire de confier au temps des représentations, est celle dont nous avons spécifiquement hérité. Outre des représentation oniriques (et symboliques), on a retrouvé des représentations imaginaires d'homme-animal (homme-bison).

Cet être imaginaire trouvé dans la Grotte des Trois-Frères (ci-dessus) a la tête d’une chouette des neiges, un harfang, au regard pénétrant, presque inquisiteur. Elle est coiffée d’une ramure de renne. Les membres antérieurs sont humains et félins à la fois. Le corps est svelte mais on n'arrive pas à déterminer s'ils proviennent de renne, de bison ou d'homme. Les membres postérieurs sont complètement humains et particulièrement réalistes pour les pieds. Cet être composite surnaturel semble rassembler plusieurs des composantes figuratives naturalistes, d’une part celle du regard échangé et de la sexualité insistante, d’autre part celle de l’animalité et de l’humain, signifié par les membres et les pieds.

Conclusion en forme d'ouverture

Denis Vialou nous a présenté bien d'autres exemples de représentations artistiques des Préhistoriques. Mais l'on retient tout de même l'extraordinaire capacité des premiers Hommes à exprimer des qualités artistiques sur des matériaux très divers : os, parois, pierre... Cette recherche graphique et esthétique est un des prémices aux représentations de l'Homme et à la mise en valeur de sa beauté. L'exemple final présentait plusieurs des différentes Vénus et en particulier la Vénus de Willendorf (ci-contre, un dessin de la Vénus par Cyrille Courte, étudiant aux Beaux-Arts), extrêmement connue de nos jours et parangon de la beauté féminine. Une nouvelle ère dans le progrès artistique allait commencer...


Marion Salaün-Chollet


mercredi 16 décembre 2009

Dans les coulisses de la Halle aux grains.

Récit de quelques heures passées dans les coulisses des conférences de la Halle aux grains, notamment au sein de la licence professionnelle ATC TECAME. Vous ne connaissez surement pas ces étudiants mais sans eux, nous n’aurions pas eu de retransmissions enregistrées des conférences qui ont eu lieu à la Halle aux grains de Blois, à l’occasion des RDV de l’histoire. Impatiente, je les retrouve à 8h30, où une odeur de croissants et de café règne dans la salle. Ils ont beaucoup de travail mais ont l’air rodé. Il faut dire que c’est déjà leur troisième journée de tournage. L’équipe doit se mettre en place : qui sera cadreur ? Réalisateur ? Quelqu’un règle le son, un autre l’image, un troisième le magnétoscope… tout doit être prêt pour le début de la conférence. A 9h25, chacun est à sa place, les invités arrivent. Le maître de conférence, ou plutôt la maîtresse de conférence dans ce cas, présente les quatre spécialistes invités pour commenter le thème de la séance : << Ce que torturer veut dire, de l’Antiquité à nos jours >>. On y retrace l’évolution de la définition de la torture à travers les âges : les méthodes ont changées, la torture a été réglementée. A partir du Moyen-âge, la torture se fait en salle couverte et à l’époque moderne on utilise les règles préexistantes à la période précédente : la torture s’ajuste en fonction de l’âge, du sexe, du rang…Pendant ce temps, en coulisse, on s’active : ça bouge de partout ! Il faut aller vite : le réalisateur choisit plan par plan ce qu’il va enregistrer. Faut-il filmer le public ? En plan large ? En plan poitrine ? Qui ? A quel moment ? Il est réactif au moindre changement de prise de parole. A côté de cela, il faut aussi régler les problèmes de son récurrents, veiller au bon fonctionnement des micros de la salle. La régie, quant à elle, doit être coordonnée avec les cadreurs de l’hémicycle. Il faut également veiller au bon enregistrement des bandes. Tout le monde est très concentré sur ce qu’il a à faire, mais l’ambiance n’est pas au sérieux ; chacun a son mot pour détendre l’atmosphère. Arrive enfin l’heure du déjeuné, pour se reposer un peu. Je quitte les TECAME pour les retrouver le lendemain.

Journée de clôture. Le rues de Blois sont assez désertes à mon gout : il n’y a pas plus de monde qu’un dimanche habituel, sauf du côté de la Halle aux grains. Je file donc faire un tour au salon du livre, qui lui était bondé de monde. Là-bas, il y en a pour tous les gouts, tous les âges et toutes les bourses. On se bouscule, on regarde, on achète, et souvent on discute au milieu des allées. On étouffe. Il y a nettement moins de monde du côté des livres anciens dehors, où l’on peut respirer. Arrive l’heure de la conférence de clôture. Je retrouve ces chers étudiants blésois pour leur dernière conférence. Après ce « marathon » de 4 jours, la fatigue se fait sentir. Encore une fois on vérifie les réglages, pendant que F. Héritière s’installe dans la salle. La conférence commence ! En coulisse c’est un peu la panique, les micros n’ont pas été réglés à sa taille, on a du mal à la filmer sans avoir les micros sur elle, mais heureusement un technicien intervient pour remettre tout ça en place ; on peut poursuivre sereinement l’enregistrement de la conférence, en attendant impatiemment de savoir quel sera le thème pour l’année prochaine, on ouvre les paris. Les minutes passent, il est temps maintenant de ranger la régie. La conférence est terminée. Tout le monde est satisfait de son weekend. L’enregistrement des conférences s’est majoritairement bien passé. Le bilan est positif pour chacun autant au niveau du professionnalisme qu’au niveau de l’ambiance. De mon côté je quitte le groupe charmée.

Pour ma part, je suis plutôt contente de mon expérience, même si la maladie a fait que je n’ai pas pu profiter du weekend. Je suis heureuse d’avoir pu assister à quelques conférences depuis les coulisses. J’ai pu constater à quel point les gens sont intéressés pas les conférences : beaucoup faisaient la queue une heure avant pour avoir leur place. Mais j’ai été quand même étonnée de voir le peu de monde le dimanche après-midi dans la ville (alors que les conférences y été étalées). J’ai hâte de pouvoir y retourner, cette fois en forme pour pouvoir profiter de tout.