lundi 30 novembre 2009

Pour approfondir sur l’histoire du corps.

Bibliographie :

ANDRIEU (J.) & DESCAT (R.), Esclave en Grèce et à Rome, 2006

BERNARD (N.), Femmes et sociétés dans la Grèce classique, 2003

CROISSANT (Fr.), Les Protomés féminines archaïques. Recherches sur les représentations du visage dans la plastique grecque de 550 à 480 av. J.-C., 1983

DUCAT (J.), Les hilotes, BCH supplément 20, 1990

DUBY (Georges) & PERROT (Michelle), Historie des femmes en Occident, 1991

ELIAS (Norbert), Über den Prozess der Zivilisation, 1969, tr. fr. La civilisation des Mœurs, 1973.

id., La dynamique de l’Occident, 1975

HERITIER (Françoise), « Une anthropologie symbolique du corps », Journal des Africanistes, 73/2, 2003

FLANDRIN (J.-L .) & MONTANARI (M.), Histoire de l’alimentation, 1996

FOUCAULT (Michel), Histoire de la sexualité, 3 vol., 1979-1984

GRIMAL (P.), Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, 1951

HOFFMAN (G.), Le châtiment des amants dans le Grèce classique, 1990

LAQUEUR (Thomas), La fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, 1992

LE BRETON (D.), Corps et société. Essai de sociologie et d’anthropologie du corps, 1985

LEDUC (C.) & SCHMITT-PANTEL (Pauline), « Prostitution et sexualité à Ahtènes à l’époque classique » et « Le marché du sexe », Clio, 17, 2003

LEGRAS (B.), Education et culture dans le monde grec, VIIIème-Ier siècle av. J.-C., 1998

LEVI STRAUSS (Claude), Structure élémentaire de la parenté, 1949

id., Tristes Tropiques, 1955

id., « La notion d’archaïsme en ethnologie », Anthropologie structurale, 1958

id., La voix des masques, 1992

MALAMOUD (Ch.) & VERNANT (Jean-Pierre), Corps des dieux, 1995

MÜLLER (Chr.) & PROST (Françis), Identités et cultures dans le monde méditerranéen antique, 2002

MOREAU (Ph.), Le corps romain, 2002

PROST (Alain) & WILGAUX (Jérôme) (dir.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Rennes, 2009

VERNANT (Jean-Pierre), La mort, l’amour, l’individu. Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, 1989

Id., L’univers, les dieux, les hommes, 1999

VIGARELLO (Georges), CORBIN (Alain), COURTINE (Jean-Jacques), Histoire du corps : de la Renaissance à nos jours, 3 vol., 2005.

VIGARELLO (Georges), Le corps redressé, 1978

id., Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, 1985

id., Histoire des pratiques de santé. Le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, 1993

id., Histoire du viol, XVIe-XXe siècle, 1998

Un aliment sain dans un corps sain.


(Amphi 1, Antenne universitaire, 16h-17h30)


Ce qui m’a frappé pour cette conférence, c’est la longue file d’attente qui attendait devant les portes battantes de l’amphi 1.

Ce débat était organisé par l’IEHCA (Institut européen d’Histoire et des cultures de l’Alimentation).

Les intervenants ont débattu afin de montrer la complexité de l’aliment sain et du corps sain, et est-ce qu’il y a un aliment de base unique pour les différents corps durant les périodes historiques.

Jean-Pierre Williot, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Tours et spécialiste de l’histoire de l’alimentation contemporaine, était le modérateur et posait les questions adéquates qui collaient au sujet.

Les sociétés opèrent une relation avec la nourriture. Un lien à part entière va se créer, cela peut se voir, dans un premier temps dans les sociétés polythéistes et monothéistes montrent que Dieu est le seul à un pas manger, et que seul les bêtes mangent. L’homme se situe entre les deux situations.

Jean-Pierre Williot pose la question suivant pour les intervenants : y-a-t-il un aliment sain ?

Le tour de parole commence par Pauline Schmitt-Pantel qui, est professeure d’Histoire grecque à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est directrice de l’équipe de recherches « Phéacie » et de l’école doctorale d’histoire de Paris 1. Sa thèse de doctorat portait sur La cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, publié par l’Ecole française de Rome en 1992.

Pour les grecs, un corps sain est avant tout pour les hommes civilisés. Avec les corpus d’Hippocrate, le corps sain apparaît comme un corps beau qui est systématiquement en rapport avec les dieux. Le corps exprime les qualités et la splendeur divine. Le héros est semblable aux dieux, il est leur image sur terre. Ce héros prend les formes les plus recherché : celle de la grâce et du charisme du héros grec.

Ensuite, pour l’époque médiévale, Danièle Alexandre-Bidon, ingénieur d’études à l’EHESS, spécialiste de l’alimentation et la médecine (XIIe-XIIIe siècle) et de l’image du Moyen Âge dans les arts graphiques, expose le postulat suivant : le corps est sain juste à la naissance de l’enfant, il faut que le nouveau né soit baptisé au plus vite pour qu’il ne soit pas aux mains de Satan. Par la suite, le corps est déséquilibré par les humeurs. La théorie des humeurs est la base de la médecine antique et des Ecrits hippocratiques, nous avons le chaud, le sec, le froid, l’humide. Toutefois, si un déséquilibre se fait, le patient est traité par un renfort de l’humeur manquante. Quand une personne âgé a froid, on donne de la soupe très épicée ou un plat chaud a contrario on donne à l’enfant des plats froids.

Les paysans mangent ce qui vient de la terre pour alimenter les muscles, les veines et les os. Les nobles mangeaient des plats raffinés, plus l’aliment est au-dessus de la terre, plus il est délicat.

Au Moyen Age, certaines bénédictions sont faites pour protéger les aliments. Les pots et les jarres sont bénis.

Olivier Christin, professeur d’Histoire moderne et président de l’université Lumière Lyon 2, est spécialiste d’histoire religieuse et sociale, et directeur d’études à l’Ecole pratiques des hautes études (section des sciences religieuse), et Florent Quellier, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Rennes 2, est spécialiste de l’histoire des jardins ordinaires et de l’alimentation des Temps modernes, prennent la parole. Deux points sont mis en avant : la physionomie et des faits socio-culturelles.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la vision de l’aliment change, cela est dû aux médecins. En effet, la composition alimentaire est plus étudiée en faculté de médecine, et donc le médecin ne va plus proscrire certains aliments, mais la validité de manger tel aliment est accepté par le monde médical. Les apothicaires ont l’obligation de marquer une date de péremption sur les boîtes, ou produits alimentaires sous emballage. D’ailleurs, dans l’ouvrage, La poudre et le Fard, Catherine Lanoë met en avant les dates limites de conservation des produits de beauté, c’est plus une volonté de ce qui est, au XIXe siècle, une politique hygiéniste. A l’époque moderne, le rapport à la table est plus économique et plus simple, afin d’éliminer toutes fioritures.

Mais qu’est-ce qui peut mettre malsain dans nos sociétés contemporaines ? Peut-on dire qu’une personne en surpoids est malade alors que ses prises de sang montrent le contraire ? Je serai incapable de vous le dire, mais ce qui est sûr, ce n’est pas tant l’aliment qui est malsain, mais ce que nous pouvons en faire.

Ce que Torturer veut dire, de l’Antiquité à nos jours.

(Halle aux Grains, 9h30-11h, 10 octobre 2009).

Dans ce grand amphithéâtre de la Halle aux grains, Claude Gauvard, Françoise Sironi, Claire Andrieu, Marie-Françoise Baslez et Denis Crouzet étaient réunis autour de la table, afin de commencer leurs propos.

Dans toutes les périodes, la torture est présente. Elle peut être visible, dissimulée, pour faire avouer un crime commis ou non, ou bien utiliser par certains gouvernements pour extraire des informations dans d’atroces souffrances.

Nous avons commencé cette conférence par la présentation du magasine books « Pourquoi les démocraties torturent, de la guerre d’Algérie à la guerre d’Irak », de mai 2009, n°5.

Ensuite, la parole a été donnée aux différents conférenciers dans l’ordre chronologique.

Marie-Françoise Baslez a commencé la conférence. Cette historienne est professeure d’Histoire grecque à l’Université de Paris XII et s’appuie sur ses recherches et son livre : Les persécutions dans l’Antiquité. Victimes, héros, martyrs datant de 2007. La torture a été relativisée dans l’Antiquité. On a recours à la torture sous l’étendard de la quête de la vérité, surtout utilisé sur les esclaves qui ne sont pas coupable mais qui doivent dire la vérité. La torture physique est faite en public. Platon nous le dit dans La République : « la torture, c’est de fournir un beau spectacle », Saint Augustin partage la même vision. En exposant la torture, les autorités souhaitent montrer un corps abimé, c’est une vision anthropologique qui interdit à l’homme de devenir immortel. Dans la Rome antique nous avons le même schéma, sauf que cela devient au fil du temps un show, comme par exemple les crucifiés qui bordaient les routes dans l’Antiquité Romaine.

Vient le tour de Claude Gauvard, professeure en Histoire médiévale à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ces travaux et sa thèse de doctorat portaient sur Crime, Etat et Société en France à la fin du Moyen Âge, en 2 volumes en 1989. Ces recherches portent sur la circulation des nouvelles, information et opinion à la fin du Moyen Âge et sur l’Histoire de la justice et de la criminalité à la fin de l’époque médiévale. La torture, au Moyen Âge, est peu utilisée, en effet seul moins de 1% des personnes étaient placés sous écrou. La torture est un moyen d’obtenir un aveu et est inclus dans la question (c'est-à-dire le processus de torture), procédure extraordinaire. La torture devient un moyen de légitimité des religieux à partir du XIIIe siècle lors de l’Inquisition. En 1254, Saint-Louis disait : « on peut utiliser la torture pour les malfamés ». Au Châtelet, le prévôt de Paris fait écrire des confessions des criminels, enfin que les larcins soit avoués de la bouche du malfaiteur. On peut étudier le cas d’un chaussier de Paris qui a eu l’oreille coupée à la suite d’un vol dans les troncs d’église. Il est mis à la torture, puis dans une salle fermée (ce qui n’est pas un spectacle, différent de l’Antiquité) et ensuite on lui fait dire ses confessions ce qui montre la forte présence de la chrétienté. Dans certaines salles de la question, des tableaux du Christ peuvent être exposé. On remarque que contrairement à l’Antiquité, durant le Moyen Âge la torture ne s’expose plus à la vue de tous.

C’est au tour de Denis Crouzet, professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, directeur de l’UMR 8596 (centre Rolant Mousnier) et directeur de l’Institut de Recherches sur les Civilisations de l’Occident Moderne (IRCOM), il a reçu en 2008 le prix « Madeleine Laurain-Portemer » pour ses travaux. Il est spécialiste de l’histoire religieuse et politique du XVIe sicèle, Renaissance et Reformes, Histoire de la violence, Guerre et paix de religion et Histoire de l’imaginaire. Pour Denis Crouzet, il y a une continuité entre l’époque médiévale et l’époque moderne : le supplice de l’eau, du vinaigre (introduction du vinaigre dans le nez) en sont des exemples. A cette époque, la torture prend le chemin d’une lutte contre Satan, le condamné retient la vérité dans son corps, représentation du combat de Satan contre Dieu. Quand il y a un aveu, c’est Satan qui sort du corps du torturé. On a un espoir de réconciliation avec la religion. Au fur et à mesure, dans la sédition collection, les foules s’approprient le spectacle. Damiens, qui a voulu tuer Louis XV le mercredi 5 janvier 1757 à coup de canif, devant le Trianon, est placé à la torture.

Il sera soumis à la question extraordinaire, et torturé. Il fallait faire un exemple, mais le peuple a été dégoûté par le supplice, car les bourreaux s’y sont pris à plusieurs reprise afin d’écarteler Damiens. Ce fut l’un des derniers à mourir en place de grève.

D’une voix chevrotante due à l’émotion, Françoise Sironi tente de nous expliquer le récent procès de Duch, auquel elle a participé afin de mieux comprend sa personnalité. Elle est maître de conférence de l’Université Paris 8, directrice du Centre Georges Devereux et membre du centre Universitaire d’aide psychologique. Son livre, bourreaux et victimes. Psychologie de la torture, est très troublant. En 2008 elle a été amenée à faire l’expertise psychologique de Duch à la demande des juges d’instructions français et cambodgien. En amont du procès de Duch en février 2009, elle se pose des questions sur l’éclairage psychologique de la personnalité et montrer qu’il est le chef de S 21. Elle met en avant l’histoire singulière et l’histoire collective. Duch doit répondre des meurtres, extermination, réduction en esclavages, torture, viol, persécution politique et autres actes inhumains.

Il devient très vite une branche spéciale de l’épuration du régime cambodgien. Pour ce faire, il dirige le centre de détention S-21 au lycée Tuol Sleng, dans la région de Phnom Penh. C’est là qu’il tortura les cadres khmers rouges pour « extraire » leur trahison fictive.

Il est difficile de définir, à travers le temps, la torture. Elle prend des formes diverses au sein d’une même société et selon les différents pays.

Vidéo sur ce propos.

Interview de Françoise Sironi.

http://www.dailymotion.com/video/xamsst_f-sironi-a-propos-de-lexpertise-psy_news

Reportage de TV5 Monde sur la prison S-21 :

http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video-4813-Cambodge_La_prison_S21_a_Phnom_Penh.htm

Jérôme Lambourg