lundi 30 novembre 2009

Biographie de Françoise Héritier

J’ai eu le privilège de voir Françoise Héritier qui était la présidente des Rendez-vous de Blois de l’année 2009.

Françoise Héritier est née en 1933 et est une anthropologue française mondialement reconnue. Elle suit les théories de Claude Lévi-Strauss portant sur le structuralisme. Cela dit, elle va s’intéresser aux sociétés africaines, et plus particulièrement aux théories de la prohibition de l’inceste et sur la théorie de l’échange.

Sa carrière exemplaire est difficile à résumer en quelques lignes, mais nous pouvons toujours essayer.

Son désir de jeunesse, être professeur d’Histoire. Pour se faire, elle passe une licence d’Histoire, mais une rencontre avec Claude Lévi-Strauss va lui changer la vie. Sa carrière professionnelle commence en 1957 ou elle devient chercheur contractuelle à l’Institut des sciences humaines appliquées de Bordeaux. Et durant la même année, elle participe à des missions au Mali et au Burkina-Faso.

En seulement l’espace de 10 ans, c’est-à-dire de 1959 à 1967, elle est successivement chercheur contractuel à l’Institut national d’études démographiques, chef de travaux à l’école des hautes études en sciences sociales, puis directeur du Centre d’analyse et de recherche documentaires pour l’Afrique noire.

Par la suite de 1967 à 1982, Françoise Héritier est attachée, puis maître de recherche au CNRS. C’est à partir de 1980 qu’elle devient directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Poste qu’elle occupera jusqu’en 1999.

Enfin de 1982 à 1999, elle cumulera le poste de Professeur au Collège de France et de directrice du Laboratoire d’anthropologie sociale.

Cette carrière de recherche mêle aussi une carrière bien récompensée.

En 1978, Mme Héritier a reçu la médaille d’argent du CNRS pour les Sciences humaines. En 1994, elle obtient un doctorat honoris causa de l’Université libre de Bruxelles et en 1999 un doctorat honoris causa de l’Université de Lausanne.

Depuis 1999, les récompenses se succèdent : membre correspondant de l’Académie des Sciences de Buenos Aires, officier de la légion d’Honneur, commandeur du Mérite, et des Arts et Lettres, palmes académiques, prix costantino Nogra, décerné par l’Université du Piémont et grand officier de l’ordre national du mérite.

Elle a, également, reçu le prix Irène-Joliot-Curie en 2001, créé la même année, qui a pour but de promouvoir la place des femmes dans le milieu scientifique.

Il est très difficile de sélectionner les ouvrages et les articles, car ils sont à mon sens très intéressent. Mais nous pouvons en retenir quelques uns :

Articles :

- « Remarques sur l’énoncé des interdits matrimoniaux », L’Homme, 1968

- « Univers féminin et destin individuel chez les Samo », colloque international sur la notion de personne en Afrique noire, 1973

- « Symbolique de l’inceste et de sa prohibition », in La Fonction symbolique, 1979

- « La valence différentielle des sexes au fondement de la société », Journal des Anthropologues, 1991

- « Privilège de la féminité et domination masculine », Esprit, 2001

- « Et si les hommes pouvaient faire leurs fils…Pourquoi s’est instaurée la domination masculine », La Recherche, hors-série, 2002

Ouvrages :

- L’exercice de la parenté, 1981

- Les Complexités de l’Alliance, en 4 volumes, 1990

- Les deux sœurs et leur mère. Anthropologie de l’inceste, 1994

- De l’inceste, 1994

- La parenté spirituelle, 1995

- De la violence I, 1996 et De la violence II, 1999

- Contraception : contrainte ou liberté (avec Baulieu et Leridon), 1999

Sa dernière parution date de 2009 : Une pensée en mouvement, textes réunis par Salvatore d’Onofrio.

Ce livre met en avant la carrière que j’ai essayé de retracer. Elle succède à Claude Lévi-Strauss au Collège de France et elle explique comment elle a développé sa théorie de la parenté. Cette femme engagée aussi bien intellectuellement que politiquement, nous laisse un souvenir agréable dans notre esprit.

Je dirai que deux mots : Merci Madame.

Je laisse le mot de la fin à Françoise Héritier (Une pensée en mouvement) :

"Dans ma jeunesse, j'étais plus intéressée par l'ailleurs et l'autrefois, que par l'ici et le maintenant... Ma rencontre avec Claude Lévi-Strauss a changé ma vie en m'orientant vers l'anthropologie sociale. Je n'ai ni la prétention ni la naïveté de croire que l'anthropologie sert directement à changer les mentalités, mais elle participe â la vie de la Cité, tant par sa réflexion que par ses actions, et mobilise son savoir dans des domaines nouveaux qu'il lui faut baliser : le rapport entre les genres masculin et féminin, le changement des formes de la vie sexuelle, conjugale, familiale, l'avenir de la recherche, les rapports entre communautés, les difficultés de la jeunesse, la constitution de l'identité et de l'altérité par le regard, etc. Il s'agit aussi, dans ces pages, de rapprocher des imaginaires, de faire comprendre des milieux et des itinéraires, de retracer le cours d'une pensée dont je crois pouvoir dire qu'elle est, toujours et encore, en mouvement." Françoise Héritier.


Jérôme Lambourg

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