mercredi 11 novembre 2009

Le corps juif dans l'Histoire

Cette conférence accueille beaucoup de monde dans un petit amphithéâtre et nous est présentée par 3 conférenciers qui vont aborder 3 thèmes à la fois différents et complémentaires. C’est ce qui a fait, sans aucun doute la richesse et l’intérêt de leur présentation.

Nous allons donc suivre le corps juif à partir de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. Bien entendu, cette conférence abordera le thème de la haine à l’encontre du corps juif.
La problématique est très bien étudiée : quel est la place du corps juif dans cette religion et comment est-il devenu un élément important, un signe d’appartenance à une nation, cette qui aux yeux du monde sera un jour l’objet d’un tel défoulement de haine ?

La conférence nous sera présentée par 3 conférencier, successivement Frédéric Encel, Jean- Marc Dreyfus et enfin Stéphane Encel. Un coordinateur, lui aussi historien interviendra pour faire la liaison entre les différents thèmes.

Notre premier interlocuteur va se pencher sur la période antique. Cette période tout en étant fondamentale est complexe en raison de la difficulté de remonter aux sources de l’histoire. Cette circoncision est un élément fondateur de l’appartenance et reconnaissance du peuple juif à une nation et surtout à une terre ; celle d’Israël. On pourrait parfaitement la qualifier de fil conducteur.
Notre second interlocuteur est professeur en Angleterre. Les études anglo-saxonnes sont très importantes sur le corps et nous verrons donc assez rapidement les influences de ces études sur les représentations actuelles du corps juif et surtout sur leur influence lors de la 2nde guerre mondiale.
Enfin, notre 3ème interlocuteur, très dynamique, abordera en détail le basculement de la religion à la nation correspondant au mouvement du sionisme.

Nous allons donc tenter de reconstituer la logique de la conférence. Cependant, une critique de cette conférence me semble essentielle avant même de commencer. Je ne suis absolument pas historienne, et c’est principalement pour l’envie d’apprendre et de comprendre que je me suis dirigée vers cette conférence. Malheureusement, très vite cette conférence devient complexe et aborde des réflexions très, trop pour moi poussées. Les intervenants se basent sur des théories développées par tel ou tel sociologues, chercheurs, historiens, politiques que je ne connais pas, et donc je perds facilement le fil. Malgré tout, le dynamisme que nos conférenciers ont mis dans leur intervention fait que je m’accroche jusqu’au bout, et ressort assez satisfaite.

I. L’importance de la circoncision dans la relation dieu-terre-peuple.

Cette circoncision vient d’une promesse faite par Abram au Dieu : le Dieu donne la Terre d’Israël à Abram et à tous ses descendants, s’assure de leur propriété perpétuelle, mais en échange il demande à ce que tout son peuple soit circoncit. On parle ici d’Abram parce qu’il n’est pas encore circoncit. En effet, c’est après sa circoncision qu’on le nommera désormais Abraham.
Ce qui est important de remarquer ici c’est que cette circoncision ne se limite pas à une question de sang. On circoncit également les esclaves car les garder serait un signe d’impureté sur la terre donnée. Il y a donc une véritable relation qui se crée en la Terre et le peuple par la promesse faite à Abram à Dieu. Il devient d’ailleurs par la suite Abraham.

A partir de là il va y avoir une opposition systématique entre circoncit et in circoncit. Cette opposition va se radicaliser lors du retour d’exil à Babylone : un petit nombre va se réorganiser, reconstruire une communauté qui va tenter de se séparer des autres nations. Cela va se caractériser par la chasse aux épouses non juives … Ce rapport à la circoncision est remis en avant comme signe d’identification, comme marqueur identitaire lors de moments charnières, moment dramatique comme celui-ci-dessus.

Un autre exemple peut être cité. Il s’agit de la conquête de Josué qui guide son peuple vers la terre promise, après avoir fuit l’Egypte. Le peuple né dans le désert n’avait pas été circoncit. D’autre part, la génération du désert s’était mal comportée, notamment pendant la période hellénistique. Des juifs étaient allés voir le Roi pour lui dire qu’ils voulaient faire partis d’eux « faisons alliance avec les nations ». Il s’agissait donc d’une opposition à l’Alliance première Dieu-Terre-Peuple. Ce mauvais comportement se caractérise également par le fait que certains d’entre eux se sont fait reconstruire un prépus.
Par conséquent, une circoncision générale est redemandée par le Dieu : il s’agit alors d’une rupture entre eux et eux avant. L’Eternel dira « Aujourd’hui, j’ai ôté de dessus de vous le déshonneur de l’Egypte ».

Pour conclure sur cette 1ère partie, on voit donc que la circoncision est pour les juifs un moyen de s’unir ET de s’exclure. La question de l’exclusion des juifs est donc toujours sous-jacente. Nous allons voir comment cette exclusion a façonnée l’image du juif à la fois physiquement et mentalement, et comment les autres nations en ont tiré profit pour se retourner contre eux.

II. La représentation du corps juif dans l’histoire.

La problématique principale ici est la façon dont est représenté dans l’histoire et quelles sont les évolutions qu’elle a connues ?

Dans la littérature du XIX, la représentation est celle d’une personne aux doigts, au nez crochus, au corps tout maigre, avec des lunettes (myope)… Ces caractéristiques sont en parties dues au sionisme mais ceci sera vu dans le prochain chapitre.
Cette représentation va donc à l’encontre de la période qui voit les révolutions industrielles, les gloires de Napoléon, l’ouverture des marchés vers le monde, puis pour allé un peu plus la grande exposition universelle de Paris où les corps sont mis en valeur, où la richesse est mise en avant notamment via une toilette soignée.
Cette représentation du corps juif fait écho à la montée de l’eugénisme des personnes handicapées puis à l’eugénisme sionisme.

Les travaux se basent aussi sur le marqueur identitaire important de la religion juive qui est la circoncision : on considère que pour devenir invisible, le corps juif devait retrouver ce qu’il avait perdu. A contrario, ce qui ressort c’est que le corps juif est faible.

Cependant, ce qui est très étrange c’est que les représentations du corps juif le montre également comme un corps puissant, menaçant ; leur force, leur union fait peur aux autres nations. Si bien que l’on peut donner comme exemple remarquable l’histoire de Dreyfus : il fut attaché des journées entières sur l’île. On avait peur qu’il s’échappe alors même qu’il était sur une île sans aucun moyen de fuite.
Le corps doit donc être ici entendu comme une unité, un ensemble et non un individu isolé.
C’est malheureusement cette dernière représentation du corps juif, de la puissance de la nation juive qui forcera le passage à l’idéologie de destruction.

Cette représentation ne va pourtant pas rester de marbre lors de l’ouverture des camps de concentration ; on ne peut d’ailleurs concevoir aujourd’hui qu’elle soit restée la même. Les images de la libération des camps ont fait le tour du monde et l’on en connait tous au moins une où des corps maigres, sans cheveux et aux yeux fatiguées fixent l’objectif. PHOTO

Au-delà de ces représentations purement physiques, il faut néanmoins préciser le rôle involontaire de la médecine qui à travers des normes a classé ce qu’elle dénommé la normalité et l’anormalité, qu’elle soit physique mais aussi psychologique. En effet, avant les Lumières le corps est un élément second mais dans les époques contemporaines il y a une volonté de se ressaisir du corps d’un point de vue politique (eugénisme, armé de métier, …).

Il faut maintenant voir comment le corps juif a tenté de fuir ces représentations, notamment en tentant d’échapper au mouvement du sionisme.

III. Le rejet partiel du sionisme par les juifs et la condamnation de leur représentation par les autres nations.

Le sionisme est un mouvement très important au sein de la nation juive qui perçoit le corps puissant comme malsain. Comme on l’a vu les représentations de 1800-1890 présentent le corps comme laid, faible. Il y a un climat de ghetto religieux très important. C’est donc cette représentation que les juifs vont dès lors tenter de contredire à travers la création d’un homme juif nouveau.
Le sionisme est un mouvement qui prône l’étude du livre la quasi totalité du temps. Si bien que le jeune juif ne fait pas de sport (faible), lit tout le temps (myopie) et ne connait rien à la politique.

D’autre part, en 1881 l’immense majorité des juifs vivait au Nord de l’empire tsariste (Russie).
Les juifs vont cependant quitter ces terres et venir s’implanter dans les terres ottomanes ce qui va avoir de nombreuses conséquences sur leur corps.
La fonction de celui-ci va être radicalement changée : le juif travaille la terre, il vit donc dans la poussière et la chaleur.
Il s’agit là de 3 changements radicaux qui vont transformer le corps : plus mate, plus charpenté. Après 18 siècles de diaspora, Nardo nous dit que « l’éducation physique doit redresser notre corps physique et moral ».

Depuis on retrouve une certaine surévaluation d’un corps sain. Ainsi on a pu voir des affiches où l’on distingue des hommes représenté comme étant forts et travaillant la terre et des affiches représentant des femmes aux formes généreuses, travailleuses et en short.
D’autres parts, on peut donner comme exemple dans cette évolution les Macabiades de 1920 qui sont les jeux olympiques juifs.

On peut également rappeler que l’usage de la force a longtemps été interdit par toutes les autorités rabbiniques. Cependant, B. Lazare, défenseur de Dreyfus dira à propos des pogroms « si le juif ne répond pas aux pogroms on est là dans un cas d’abjection du corps ».
C’est pourquoi aujourd’hui dans l’état israélien tous les écoliers et lycéens n’ont pas cours l’après midi pour laisser place au sport. Il y a donc une véritable évolution de pensée.
D’ailleurs même les plus orthodoxes au sein de la diaspora juive vont admettre que la revendication corporelle par rapport à celle de l’âme est importante et nécessaire.

On voit donc que l’image du juif a évolué au fil des siècles. Cependant, leur choix de distinction par rapport aux autres nations se fait encore ressentir aujourd’hui et fut à l’origine de nombreux conflits entre les peuples.
Cependant, au-delà des conflits inter-nations il y a surtout une importante ségrégation à l’intérieur même de la « communauté juive ».

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