jeudi 15 octobre 2009


La conférence intitulée Les enjeux de l’Histoire de la beauté présentée par Georges Vigarello essaya d’esquisser le fait, outre le changement à travers les siècles des canons de la beauté, que celle-ci peut recouvrir des champs d’analyse plus larges.

L’auteur introduit son propos en relevant trois éléments qui cernent la notion complexe de beauté : des critères de beauté sont identiques à travers le temps tels l’harmonie, la symétrie et la jeunesse ; à l’inverse selon les époques, une partie du corps est plus mise en avant que d’autres et le dernier critère à relever est celui d’une singularité de la beauté.

Vigarello évoque alors tour à tour la beauté prise à la Renaissance, au XVIIIe s., au XIXe s. et au XXe s.

A la Renaissance, la beauté est standardisée, à travers l’image du nu. Il ne s’agit pas d’un nu réel mais celui d’un nu fluide et intellectualisé. Dans les traités de beauté de cette période, seul le visage compte. Tout le bas du corps est absent. La beauté doit s’imposer au spectateur, elle doit rayonner car elle est absolue. Un des enjeux ici visible est celui de la position particulière de la femme. En effet, celle-ci doit faire honneur à son mari en exprimant une beauté de l’accueil et du décor.

Au XVIIIe s., la beauté est celle de l’instant. L’individu devient acteur, à l’exemple du célèbre tableau de Fragonard intitulé Les hasards heureux de l'Escarpolette (1767-1768)



Les enjeux de ce siècle sont l’individualisme naissant et l’émancipation à l’égard de codes sociaux jugés désormais trop contraignants. Les robes des femmes serrent de plus près leur anatomie et la ligne de leurs hanches devient visible. Leurs jambes restent cachées sous l’amas informe des robes.

Le XIXe s. voit apparaître l’artifice : l’embellissement n’est plus perçu comme transgressant la beauté accordée par Dieu. L’usage des parfums et du fard rendent la beauté « dynamique ». Le corps est codé à partir du mouvement. Dès lors, la notion de silhouette apparaît et le corps se dévoile ; les robes tombent de manière raide devant et derrière et sont fendues. Tout le corps est alors sujet de beauté.

Enfin, le XXe s. modifie profondément la notion de beauté. Les femmes entrant dans l’espace public, les repères de la femme d’accueil et de beauté deviennent caduques. Désormais, la beauté est celle d’un dynamisme, d’une élasticité répondant à une réactivité de tous les instants.

Georges Vigarello conclut par le fait que les hommes ne sont plus seuls porteurs des beautés de force et d’énergie. La beauté n’a alors plus aucune signification et devient une un critère intermédiaire, partagé par les deux sexes.


Benjamin Bruneau.

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