lundi 7 décembre 2009

Corps tatoué , corps percé

Le corps tatoué et percé, marqueur d’identité chez les jeunes



Présenté par David Lebreton, professeur à l’université de Strasbourg. Anthropologue et sociologue français, il est spécialiste des représentations et des mises en jeu du corps humain qu'il a notamment étudiées en analysant les conduites à risque.
Chaque individu possède une identité personnelle grâce à la peau. Cette identité selon les personnes peut être l’objet d’une mise en scène, ou d’une mise en valeur. La peau est notre enveloppe corporelle, et à travers elle nous pouvons manipuler notre corps et notre vie en ayant une impression de maitrise de soi.

De notre corps seul se voit la peau, on peut juger à l’apparence. La peau est une enveloppe narcissique, c’est l’organe le plus étendu du corps humain, qui dégage une odeur, elle laisse transparaitre nos émotions comme les rougissements.

La peau nous inscrit dans un environnement naturel, social et culturel. Dans notre société elle est synonyme de sensualité et d’ouverture au monde, elle conditionne la tactilité. Enfin, c’est une frontière entre le monde extérieur et notre intérieur. Elle mesure la qualité de la relation avec les autres et définie l’état moral du sujet.


David Lebreton, explique qu’il y a tout d’abord, l’aspect positif du marquage de soi, avec la visée d’un embellissement, ou la volonté de changé le regard que l’on porte sur notre corps. Puis, l’aspect négatif, avec la scarification et les attaques au corps


Chez les adolescents, on veut changer son corps pour changer sa vie, par exemple quand on est « mal dans sa peau ». Changement de peau, pour changer d’existence, ce qui explique la volonté de moduler son corps chez les jeunes (les régimes, le culturisme, le sport, la chirurgie esthétique…).

Au début, les jeunes essaient plusieurs personnalités, ils se cherchent et veulent trouver qui ils sont vraiment. Aujourd’hui avec la crise du lien social, les personnes se sentent seules et ont des difficultés à trouver leur chemin.

Le marquage de la peau comme le piercing et le tatouage est une réponse à ce malaise est permet d’orienter son existence surtout au moment de la puberté lorsque le corps est en plein changement. Cela s’apparente à un rite initiatique chez les adolescents. C’est une esthétisation de soi, un embellissement, une meilleure manière de se construire et une rupture d’appartenance à une classe d’âge.


Cependant, le marquage du corps peut être très dangereux. Certains jeunes ont recours à la scarification, suite à des abus sexuel, inceste, drames familiaux, absence d’un parent… Il y a un dégout de soi, perte d’estime de valeur, du corps et de l’esprit.

Cette pratique est plus fréquente chez les jeunes filles et les garçons. Les filles ont tendance à se détruire seules, car elles se sentent mal dans leur peau de femme (trouble alimentaire, tentative de suicide, médicaments…).

Quant aux garçons, les méthodes sont plus agressives envers leur corps (alcool, drogue, vitesse, spectacularisation du mal être…). Le taux de mortalité chez les jeunes garçons est plus important que celui des filles, (coup de feu, pendaison, rite de virilité, scarification…).

La scarification permet chez les adolescents de contrôler la violence subite et d’essayer de la gérer, car les mots ne suffisent pas. C’est le seul moyen qu’ils trouvent pour extérioriser leur souffrance.



Ainsi, David Lebreton, montre que pour les jeunes les marques corporelles telles que les piercings ou les tatouages sont une forme de signature du corps et un moyen de couper les liens avec les parents tout en marquant l’appartenance à un groupe.

Mais, il apparaît chez des adolescents qui ont subi un traumatisme, une impression d’emprisonnement dans son propre corps, un mal être qui apparaît a la suite d’abus, la scarification devient alors la seule échappatoire pour sortir de cette souffrance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire